Pourquoi je suis ici? 

Avant d’avoir ma fille, je voyageais en backpack. Si je t’en parle souvent, c’est parce que ça me manque pas mal d’explorer autre chose que le Web.  

Quand on voyage seule, les gens que l’on croise nous posent toujours les mêmes questions :  

• « Avec qui voyages-tu? » 
• « Qu’est-ce qui t’amène ici? »  
• « Pourquoi es-tu seule? » 

En fait, c’est un peu la même chose avec l’alcool. Quand on ne boit pas, les gens nous demandent toujours pourquoi. J’imagine que voyager seule, c’est comme ne pas boire : ce n’est pas tout à fait normal. Bien honnêtement, je ne sais jamais quoi répondre à ça. 

Pourquoi je suis ici? 

Difficile à dire parce qu’à certains moments de ma vie, je n’en avais aucune idée. 

Seule au milieu de nulle part

D’aussi loin que je me souvienne, mes trips de marche et de trekking ont été mes voyages les plus ressourçant. Je trouvais enfin le temps de réfléchir! C’était le summum de la liberté qui me permettait de vivre ma best life. 

Tout au long de ces voyages, je me laissais porter par la même question : pourquoi je suis ici? 

Honnêtement, je vivais l’expérience d’une vie, mais je ne savais pas trop où ça allait me mener sur le plan personnel. 

Un jour, j’étais à mi-chemin du parcours de la journée. Il devait faire 34 degrés – température ressentie de 104, si ce n’est pas plus! Je marchais seule avec mes pensées, personne autour, pas même un mètre carré d’ombre et... j’ai manqué d’eau. 

Je ne sais pas si tu as déjà été déshydratée. Ça s’explique mal comme feeling, mais en gros tu te demandes à quel moment tu vas virer folle ou carrément mourir. No joke! 

Je savais que je ne devais pas paniquer parce que ça ne me servirait absolument à rien, mais je paniquais pareil! J’étais trop loin de mon point de départ pour rebrousser chemin et pas assez près de ma destination pour y arriver assez rapidement. 

Bref, j’étais seule au milieu de nulle part. Rien d’autre à faire que d’avancer en écoutant le bruit de mes pas. Inutile de te dire que je m’en voulais de ne pas avoir été plus prévoyante. 

La vie est trop courte pour avoir des regrets

Après m’être traitée de tous les noms pendant plusieurs minutes, je me suis posée la question suivante : est-ce que j’ai des regrets? 

F**k. Trop. 

C’était vraiment la question d’une fille désespérée qui se demandait si elle allait s’en sortir vivante – et j’en doutais beaucoup à ce moment-là! 

Je n’avais rien accompli. Je ne savais pas trop qui j’étais. Je ne m’étais pas trouvée. 

J’en ai eu le souffle coupé. J’avais l’impression de n’avoir rien fait durant tout ce temps-là. Pourquoi? Je manquais de temps, j’avais peur de déplaire aux autres ou je voulais éviter à tout prix de me planter. Bref, j’avais toujours une bonne excuse!  

Je n’en revenais pas d’avoir gaspillé tout ce temps. Le summum de l’ironie? Je m’en rendais compte dans le cul du bout du monde. Alors, je me suis promis que si je m’en sortais vivante, j’allais faire de quoi pour tracer ma voie. 

J’ai continué mon bout de chemin avec cette révélation-là dans ma tête… jusqu’à ce que j’entende des pas qui n’étaient pas les miens. Thank God! Derrière moi, sorti d’absolument nulle part, il y avait un grand monsieur avec un chapeau style Indiana Jones qui m’envoyait la main en disant : « Buen camino! »  

Honnêtement, je ne sais pas comment il est arrivé là. On ne se connaissait pas. Non seulement il m’a donné de l’eau, mais on a fait le reste du chemin ensemble. On a fini par rejoindre le village et, avant que nos chemins se séparent, il m’a demandé : « Pourquoi t’es ici? » 

Pour une fois, j’avais une réponse qui se tenait : 
pour me sauver la vie et faire quelque chose qui a du sens. 

Toute cette interminable histoire pour te dire que depuis ce jour, j’aime mille fois mieux essayer des choses, faire des erreurs et me casser la gueule… que de ne rien tenter pantoute! 

Si c’était ton dernier jour, ALPHA, que regretterais-tu de ne pas avoir fait?